Du mouvement !
26/08 – Fini de stagner aujourd’hui, la route reprend, soit 5h jusqu’à Ulan-Ude, histoire de ne pas moisir dans un climat néfaste. Et niveau climat, la Travelers House, c’est le jour et la nuit avec les 2 nuits précédentes. Cet appart/auberge au calme tout en étant au centre de la ville est la meilleure adresse de la ville et le nombre de voyageurs que j’y croise le montre bien, le cadre est chaleureux, le staff au top, on s’y sent comme à la maison.
Pire que le laisser-passer A38 : changer son billet de train russe…
Mais pas le temps de se poser, comme j’ai de l’avance sur le plan initial, une modification du billet de train jusqu’en Chine s’impose. Direction donc la gare, et c’est ici que débute mon apprentissage de la bureaucratie russe, avec un gros jeu de patience qui durera tout l’après-midi. Depuis le premier guichet, on m’en indique un deuxième qui m’envoie vers un bureau à l’étage, lequel m’oriente vers un guichet spécifique grandes lignes. Encore heureux que j’ai le détail de ma demande écrit en russe par le staff de l’hôtel, sans quoi, c’était mort d’avance… Après 30 min d’attente, c’est mon tour. La guichetière comprend ma demande, mais pour une raison que j’ignore, elle a besoin d’imprimer une dizaine de papelards et s’absente 10 min du bureau. En revenant, tout se déroule bien, jusqu’au moment de payer, puisque je n’ai ni assez de cash ni assez de crédit sur ma carte. Grosse panique à bord, j’ai 50 min pour revenir, après c’est fermeture du guichet. Je me tape donc un sprint jusqu’à l’auberge pour récupérer du cash et ma 2°carte, histoire d’être sûr. Je reviens en sueur et à bout de souffle au guichet, pour me retaper 15 min de poireautage. Mais là, nouvelle surprise, au moment de regarder le billet modifié, la date est la même ! J’allais payer pour changer de siège mais dans le même train. L’ayant fait remarquer à la préposée, elle me corrige le tout en 30 secondes, je crois que la journée touche à sa fin pour elle… Mais je repars avec le bon billet, après avoir même réussi à lui décrocher un sourire, et je rentre épuisé (psychologiquement) mais content. Je finis ma journée posé sur l’ordi, en papotant avec des suisses, serein, 1000 fois mieux que 24h auparavant.
Keep moving, go to Selenga
27/08 – Avec Jakub, rencontré à Ust-Barguzin et qui est rentré en même temps que moi à Ulan-Ude, on veut aller faire un tour dans le delta de la Selenga, qui est le plus gros affluent du Baïkal, soit un delta de 35km de large, c’est-à-dire un gros potentiel ornitho en cette saison de migration… On arrange ça avec le permanent de l’hôtel qui nous rencarde bien sur le coin. D’après lui il est même possible de louer un bateau pour passer la nuit sur une des îles. Il réserve les tickets pour nous et on doit emballer quelques affaires en vitesse pour chopper le bus dans la demi-heure.
Nous voilà donc partis dans une marshroutka bien classique (un mini-bus quoi) pour 2 heures de trajet, à côté quoi… Sur place on trouve facilement une pension où chopper des renseignements, il faut dire que Jakub parle russe, tout de suite ça rend les choses plus simples.
Mais il semblerait qu’on ait la poisse, d’après la taulière, il n’est pas possible louer de bateau aujourd’hui pour cause d’interdiction de naviguer liée à une interdiction temporaire de pêcher, peut être demain. Du coup on prend une chambre en attendant la suite. On part tout de même faire un tour à pied le long de la côte entre un peu d’ornitho, et sessions photos de diverses épaves semées ici ou là.
Le retour se fait en stop, avec un crochet à la boutique du coin pour acheter des bières, sympa la conductrice. On passe la soirée en sirotant nos bières devant le coucher de soleil sur le delta.
Journée surréaliste entre poisse, générosité des russes et vodka
28/08 – Le lendemain, rebelote : pour faire des courses, on est pris en stop par un papy en Lada qui nous amène sur place et nous ramène à la porte, le tout en nous filant une poignée de pignons de pin chacun en me sortant un « Vive la Commune de Paris » de son bel accent à couper à la tronçonneuse, des crèmes je vous dis…
Mais plus tard, re-pas de bol, impossible de sortir en bateau, le delta est là, devant nous, plein de piafs migrateurs (et de moustiques) et pas moyen d’y aller. Je suis un peu dépité, mais c’était sans savoir comment la journée allait tourner. A la place, un des employés de la pension nous conduit tout au bout de la route, mais à l’opposé du delta, dans un coin assez reculé. Au bout de la route, après avoir dépassé un troupeau de vaches en pleine sieste, on prend 2h à errer entre le Baïkal et une forêt pas dégueulasse.
De mon côté, il s’agit surtout d’avoir une photo décente de mésange boréale. Elles sont partout mais bougent tellement que c’est presque impossible de les avoir dans le cadre plus de 2 secondes. Sur la fin j’en cadre finalement une proche de moi, avec une sitelle, sous espèces asiatica en prime. Je retrouve Jakub au lieu convenu et en revenant vers la voiture, la journée prend alors un tournant surréaliste quand on croise un groupe de russes.
La discussion s’engage facilement et dès qu’on décline nos nationalités, l’un d’eux qui habite tout près, nous invite chez lui, enfin nous invite, le plus juste serait de dire qu’il nous y traîne et notre chauffeur aussi, pas le choix on doit y aller. On se retrouve embarqué là-dedans et de ce que comprend Jakub, le type voudrait carrément qu’on reste la nuit pour manger, boire, chanter, danser, la bonne galère quoi pour nous qui devons rentrer sur Ulan-Ude le soir même. On arrive sur place et la maison est en fait une pension en cours de construction, que le proprio tient absolument à nous faire visiter dans les moindres détails, depuis la chambre froide pleine de poissons jusqu’aux toilettes. Au total, on passe 2h sur place, pendant lesquelles notre hôte (déjà attaqué avant de nous rencontrer), fait descendre lentement mais surement la bouteille de vodka fraîchement ouverte, tout en assaillant Jakub de questions plus ou moins précises (que pensez-vous de la Sibérie ? de Moscou ? de l’âme russe ?), le tout entrecoupé d’un peu de thé, les deux boissons nationales russes sont au rendez-vous.
Au final on repart sains et saufs, peut-être un peu éméchés (la moitié de la bouteille y est passée) mais bien contents de cette expérience au final, l’hospitalité russe, c’est pas des légendes, et quitter le pays sans avoir bu un coup de vodka, ça aurait été dommage.
Notre chauffeur nous ramène à l’hébergement, et le temps de ranger les affaires il nous laisse à l’arrêt. On poireaute 20 min en savourant une bière puis le bus nous récupère pour rentrer à Ulan-Ude à la nuit tombée.
Ces deux jours auront été surprenants. Si c’était plutôt mal barré au début, la générosité des russes a rattrapé le coup. Je repars de là remonté à bloc pour la suite, même si le côté ornitho n’est pas très marquant pour l’instant, les autres aspects du voyage sont au rendez-vous pour l’instant.
Rencontres et pintes de bières…
29/09 – Après la Selenga, je me pose. 2 jours avant de prendre le train, on se la coule douce à l’hostel, en échangeant avec les autres voyageurs, et ce d’autant plus que la moitié des occupants sont français. Ulan-Ude est vraimentla porte d’entrée/sortie du pays. Beaucoup de voyageurs so’irentes vers la Mongolie, d’autres repartent dans l’autre sens en prenant le Transsibérien, mais assez peu vers l’est comme je le prévois.
Jakub repart vers l’Europe demain, du coup le soir, on se boit un coup dans le pub d’Ulan-Ude avec un pote à lui russe rencontré à Prague. Peu à peu on finit par parler de politique/économie. Jakub est thésard en sciences politiques et son collègue avocat, la discussion devient donc assez passionnante. J’en apprend pas mal sur le fonctionnement de l’État russe ainsi que les diverses raisons de l’isolement du pays à l’international. Mine de rien et malgré le sujet sensible, je m’éclate et interagit énormément avec mes deux collègues tellement le sujet est prenant.
31/08 -C’est l’heure de laisser la Russie derrière moi, mon train part en fin d’aprem mais je trouve quand même le moyen d’être sur le quai 10 min avant le départ. Mais j’ai finit de m’en faire, ces trois premières semaines auront fait leur petit effet même s’il y a encore pas mal de chemin à faire. Pour l’instant c’est reparti pour 2 jours de train.
Un bonjour humide enfin un peu de pluie en Limousin…
Très passionnant ton site nous guettons tous les jours pour savoir ou tu en es de ton voyage et sommes heureux de savoir qu’après un peu de mou tu repars aussitôt à fond la caisse .
Bonne continuation.
Bises Y et Ch