On en finit pas

Après en avoir fait le plein de paysages sur la Kepler track, l’objectif suivant était de faire le plein d’obs à Stewart Island, réputée la plus sauvage.

Je quitte l’accueillante Lakefront hostel pour une journée de bus/bateau. Départ 6h, le minibus me récupère au pas de la porte et me droppe 1h plus tard dans un patelin vide à côté d’un autre minibus, vide lui aussi, puis continue vers Queenstown. Je poireaute là 40 min dans un silence de mort dans ce bled qui fait un peu western, en m’attendant presque à entendre un moreau d’harmonica ou voir un zombie débouler.

Un autre chauffeur finit par arriver, puis un autre bus qui dépose 4 autres passagers, c’est reparti. Quand on atteint les faubourgs d’Invercargill, je ne suis pas encore au bout de mon périple, ce second bus me lâche au I-site, pour en attraper un 3°, rien que pour moi, 20 min lus tard je suis enfin au port de Bluff.

La traversée est l’occasion de la première session ornitho, objectif : pélagiques. Mais la mer est agitée et la visibilité mauvaise. Avec un ornitho finlandais venu en famille, on parvient quand même à accrocher quelques Pétrels, 3-4 Damiers du Cap et même un Albatros à cape blanche. Après une heure on débarque à Oban, le temps de poser les sacs, chopper les clés et prendre une douche, je file à la pêche aux infos.

Le soir c’est déjà parti dans le gavage ornitho entre un Kaka qui nous fait le spectacle sur la terrasse de l’hostel et les Manchots pygmées qui rentrent au port après leur journée de pêche et plusieurs Sternes tara et un Huitrier variable sur fond  de coucher de soleil.

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Un Noël ornito, malgré moi.

C’est parti, le 24 décembre 2016 sera une journée ornitho ou ne sera pas ! Même si depuis mon départ je suis bien content d’ignorer complètement la date du jour et la position dans la semaine, impossible de ne pas le savoir aujourd’hui, le hasard du calendrier aura voulu que cette journée de folie ornithologique tombe aujourd’hui…

Un zoom trop puissant pour des oiseaux trop grands

Programme du matin : un tour en bateau pour observer les pélagiques. On est 4 sur ce petit bateau de 8 m de long secoué par les vagues, mais Dan connait son rafiot, le coin et les oiseaux. Rapidement partis d’Oban, on longe la côté vers le sud. Au fur et à mesure qu’on avance plusieurs Albatros à cape blanche commencent à nous tourner autour.

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A raison d’un arrêt de 10 min à intervalles régulier, le nombre augmente à chaque fois et les espèces aussi puisque des Albatros de Salvin et un Royal nous ont rejoint. Ce dernier est particulièrement facile à repérer avec sa face bien plus blanche et son gabarit un cran au-dessus des autres.

Tous ces oiseaux nous tournent autour et de près en plus. Plusieurs se payent même le luxe de se poser à l’arrière du bateau. Nous voilà donc avec une trentaine d’Albatros qui flottent autour de nous et des objectifs trop puissants, pour les prendre en photo d’aussi près il faut dézoomer, le comble…

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Ces effectifs sont grossis par des Puffins, Puffinures, Pétrels et autres Damiers du Cap quand Dan nous pointe un nouvel Albatros qui s’approche, celui-là est moins courant que les autres par ici, un Albatros de Buller, il l’avait repéré les jours précédents et aujourd’hui on est chanceux de l’avoir vu. Et comme si ça ne suffisait pas, voilà que des Manchots antipodes se pointent, tranquilles, au milieu des Albatros.

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Le retour s’amorce doucement vers Oban, avec un crochet à Ulva Island pour moi puis que j’ai booké le taxi-boat en plus du tour pélagiques. Cette petite île a vu tous les mammifères introduits être éradiqués, ça en fait donc un paradis de l’ornitho, parait-il.

Ulva ou comment cocher sans bouger

Avant toutes choses, c’est l’heure de casser la croute, le temps de trouver un petit spot sur les environs, histoire de spoter les Albatros proches de l’ile tout en mangeant. Des Albatros il y en a mais c’est surtout une Mouette qui me tourne autour pour me piquer ce qu’elle pourra dès que j’aurai le dos tourné.

Cette île est assez petite et j’ai 4 heures devant moi, de quoi s’arrêter souvent pour observer un piaf pendant 10 minutes.t il y a de quoi faire, dès les premiers mètres, les Tuis sont omniprésents et biens bruyants. Pendant près de 40 min ce sont d’ailleurs les seuls oiseaux qui daignent se montrer, après tout le foin autour de cette île, un début de déception commence à poindre (ou de doute, je peux peux pas être si nul quand même ?). Mais tout arrive à point à qui sait attendre et en l’occurrence, sur 50m de chemin, se montrent consécutivement le Créadion rounoir, la Perruche de Sparrman, le Mohoua à tête jauneMiro rubisole, et pour couronner le tout une bénévole du DOC me montre une Ninoxe boubouk bien plaquée dans un résineux, festival !

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En finissant le tour de l’île, c’est un groupe de Kaka qui se fait entendre, puis voir, en train te dézinguer un arbre déjà bien entamé à la recherche d’insectes. Pas très discrets et assez gros, ces oiseaux ne se loupent pas dans cette forêt. Le tour de l’île finit tranquillement après en avoir pris plein la vue.

En 4 lettres, oiseau aptère

Sur cette journée riche, ça aurait été dommage de s’arrêter là, pour une fois que j’ai de la chance autant la pousser jusqu’au bout et tenter le Kiwi. Comme l’auberge répertorie les spots pour le voir autour du village, on va tester ça…

23h, le soleil est couché depuis 2h,ça devrai le faire, direction le stade de rugby et le sentier qui pars dans les bois en dessous. En longeant la lisière, ça s’annonce mal, pas un son, pas un cri. Alors que je m’engage sur le sentier dans le noir, je ne suis pas très optimiste mais la bonne étoile ornitho pète un coup avec un bruit de pas derrière moi. Pensant spontanément « et merde, un clébart », j’allume la frontale et un Kiwi austral apparait au milieu du chemin, et pas un petit ! L’oiseau n’en a rien à foutre de la lumière, il se tient là, sereinement à 10m de moi. Je fais 3 pas, il ne bouge pas, sourd et aveugle on dirait. Je tente quelques photos à l’aveugle, seul le flash de l’appareil le fait mollement bouger de quelques mètres. J’arrête les photos et avance de 3 pas, il commence à me calculer et se dirige toujours mollement vers le bois. Je le laisse s’avancer et remonte le chemin sans le quitter des yeux, toujours à 10m de moi. Il s’enfonce plus dans le bois et disparait, de mon côté je rentre à l’auberge avec l’envie de hurler et sauter dans tous les sens. Je croise un couple d’allemands qui tente la même que moi, je leur indique le chemin, ils vont tenter à leur tour, mais rentreront 1h plus tard, bredouille.

La Rakiura track, on s’est mal démerdé…

25 décembre, noël, c’est l’heure du festin offert par l’auberge. Mais avant ça, je retrouve Clément et Raphaëlle qui me rejoignent pour faire un bout de la Rakiura track, la great walk du coin.

Mais maque de bol, le camping prévu à mi-chemin pour faire la rando en 2 jour (au lieu de 3) est déjà fully booked, on devra se contenter d’un autre site pour un aller-retour. La rando démarre sous une petite pluie et hormis une otarie à fourrure et un Huitrier de Finsh, les obs de ne sont pas folichonnes. Tout au long de la rando, si les milieux et paysages sont au RDV, peu d’oiseaux se font entendre, de quoi démentir la réputation de paradis ornito de Stewart Island, sans Ulva Island 2 jours avant j’aurai eu de sérieux doutes.

Forêts et vastes plages se succèdent avec quelques anomalies botaniques et une espèce de liane omniprésente qui croise dans tous les sens dans un filet inextricable. Au terme d’une dernière montée raide, on arrive au site de camping pour monter la tente/hamac sous la pluie.

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Le soir, on tente une sortie Kiwi à la frontale, comme tous les autre occupants du camping, mais sans succès ce coup-ci. Avec un retour rapide sans pause pique-nique, c’est la plâtrée de pates carbo géante, avant le retour le lendemain.

Après une nouvelle traversée, plus riche en pélagiques cette fois-ci, on prend la route, on a deux jours pour rejoindre Christchurch, à 600 km de là.

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