Le Transmandchourien : là où les autres ne vont pas
31/08 – Alors que le train s’ébranle et que je laisse la Russie derrière moi, je repense à ces trois dernières semaines et au chemin parcouru, les galères diverses et variées, les rencontres riches et nombreuses, les obs naturalistes, les déceptions… Au niveau du mental et du ressenti, la différence est là aussi. L’appréhension et l’angoisse de Moscou ne sont plus là
Pour l’instant, je me sens plutôt bien dans ce train bien confortable. Le fait de tenir jambes tendues représente déjà un progrès conséquent par rapport au précédent trajet, tout comme le fait d’être dans un compartiment de 4 au lieu d’un wagon de 54.
On est partis en fin d’après-midi et la nuit tombe rapidement. je m’endors en 2 minutes, les matelas et les oreillers représentant aussi un gros progrès par rapport à la plaskart, je ne prendrai plus le transsibérien qu’en kupé.
Pour ceux qui ne suivent pas au fond, un petit topo sur les classes du transsibérien. La plaskart, c’est la 3°classe, la moins confortable (54 lits/wagon), mais aussi la moins chère et la plus propice aux rencontres avec des russes. La kupé, c’est la 2°classe, avec des compartiments de 4, plus confortable. Et la 1° classe, ou Spalny Vagon avec des compartiments de 2 lits et bieen plus plus chère.

Faisons connaissance avec les fonctionnaires chinois…
01/09 – Longue journée en perspective, on passe la frontière, et la Russie et la Chine n’ont pas la réputation d’être des plus ouverts.
Mais pour l’instant le train roule. L’arrêt à Tchita au milieu de ma nuit a remanié la typologie des voyageurs présents. Mis à part un voyageur Néo-zéalandais, 3 hommes d’affaires nord-Corréens, et mi-même, le wagon est composé soit d’étudiants russes en Chine (à Harbin ou Beijing) soit de Chinois qui rentrent chez eux. Du coup presque tout le monde pionce tard dans la journée et particulièrement les deux étudiantes avec qui je partage le compartiment.
Zaibaikalsk, la ville-frontière russe est atteinte en début d’après-midi. C’est alors le début d’un très long jeu de patience.
La première étape, c’est le fameux changement des « bogies », ou des roues en français, je vous laisse deviner pourquoi avec cette photo.
Pendant, l’opération, qui prend 2h30, je me joint à un groupe de chinois (dont un anglophone) pour errer dans les rue de Zabaikalsk, mais le tour est plié en 20 min cette ville ne respire pas la joie de vivre et le nombre de bâtiments à moitié construits donne une idée de son dynamisme.
On remonte finalement dans le train et c’est là que le jeu de patience commence vraiment avec le passage des gardes frontières russes. Ils commencent par récupérer tous les passeports avant d’inspecter les compartiments un pas un en tapant dans tous les coins, pour un peu ils démonteraient même la clim… C’est ensuite le tour des chiens (DES chiens, oui, ils passent 2 fois) avant le retour des passeports tamponnés dans les formes, au bout de 3h.
Pendant ce temps, on ne peut pas sortir, je parle donc un peu avec mes voisines, de nos pays respectifs, de l’Arménie, dont une est originaire, de tout, de rien. Du coup, ça parait moins long, du moins comparé à ce qui nous attend côté chinois.
Après le retour des passeports, on bouge enfin. Pas longtemps, puisque 10 minutes plus tard, le temps de passer devant plusieurs rangées de barbelés, on est en gare de Manzhouli.
Il est 18h30 et un premier fonctionnaire nous distribue des formulaires d’entrée à remplir. Le temps de retrouver toutes les infos nécessaires (adresse de l’hôtel/personne d’accueil ?), une autre fonctionnaire passe récupérer le tout avec les passeports.
L’étape suivante c’est les contrôles des sac. Quand mes voisines commencent à planquer de la bouffe, j’apprends que les chinois sont assez stricts et notamment que je risque fort de me faire confisquer mon fromage et mon saucisson russes. Bien décidé à ne pas me laisser faire, je mange le premier en 4° vitesse et planque le second. J’ai bien fait puisque 15 minutes plus tard 2 fonctionnaire contrôlent notre nourriture et je vois qu’ils ont déjà confisqué des pots de confitures, ça rigole pas. Ensuite, ce sont deux autre bonhommes qui viennent checker le reste des sacs, mais en fait de fouille, il regardent rapidement si il n’y a rien de caché dans les coins sans tout déballer, mon couteau planqué dans mon duvet passe sans problème.
Il ne reste plus qu’à récupérer les passeports, et c’est là que le plus dur commence. Si la fouille a pris 1h en tout, là, on poireaute 2h dans la chaleur du wagon, sans pouvoir sortir, sans pouvoir pisser, et comme j’ai bu 2 l de flotte avec cette chaleur, c’est une torture. Mais c’était sans compte sur la provodnitsa compréhensive qui m’ouvre les toilettes à coup de бы́стро ! бы́стро !
20 minutes après , c’est la libération, la même fonctionnaire nous rend nos passeports tamponnés (4 pages après le visa, ok..) et on peut sortir. Enfin de l’air frais. A cet instant, on pourrai croire qu’on va repartir rapidement, l’erreur ! Apparemment il n’y en a encore pour 3h d’attente, mais comme on a aussi le droit de rester dans la wagon, je file me coucher. Le voyage progresse et j’ai hâte de voir la suite.
LA réponse
Alors vous avez trouvé le comment du pourquoi on change les roues entre les deux pays ? C’est tout simplement parce l’écartement des rails n’est pas le même. En Chine, il est plus étroit.
Enfin en Chine
02/09 – Réveil particulier ce matin, on a changé de pays. Maintenant on roule vers le sud, et ça se voit. Le paysage qui défile est radicalement différent de celui de la veille. Après la taïga sibérienne et la steppe nue, c’est beaucoup plus agricole avec un mix de cultures de maïs et roselières.
De plus, de petits détails ici ou là comme des panneaux, des voitures ou simplement les gens, indiquent qu’on a changé de pays, près de 8 000km, je suis en Chine ! L’Europe est loin derrière et il y a encore du chemin à faire.