Niveau 1 !
De retour à Nouméa après ce weekend de terrain, c’est semaine plongée, histoire de découvrir la nature Néo-Calédonienne d’un autre point de vue. Et quitte à démarrer la plongée, autant passer le niveau 1 directement pour profiter à fond du plus grand lagon du monde (et économiser une plongée baptême). Le temps de réussir à contacter le club le moins cher et c’est parti : 3 jours, 6 plongées.
Le premier jour est une découverte totale, entre prise en main du matériel et premières sensations sous-marines. C’est un peu oppressant au début, avec les quelques soucis de me font ventiler comme un fou, ce qui donne deux plongées d’une demi-heure. Mais au fur et à mesure ça s’améliore, tant la gestion de l’air que la stabilisation, pour profiter pleinement du lagon.
Côté bestioles justement, c’est le gavage. Rien qu’avec la quantité de poissons, de coraux et les couleurs qu’ils arborent, j’en prends plein la vue. Des dizaines d’espèces de toutes les tailles passent devant moi. Ca va du poisson clown de quelques millimètres aux requins gris de récif bien présents sur un des spots (1 le premier jour, une quarantaine le 3°), en ajoutant une Tortue caouanne qui nous tourne autour (à 1 mètre !), un banc de carangues, des poissons coffre, flute, Barracudas… c’est le festival. L’obs la plus dingue restera la quinzaine de Dauphins du Pacifique qui viennent jouer à l’avant du zodiac le 2° jour, et avec un moniteur photographe et un peu naturaliste sur les bords passionné de nudibranches, c’est l’éclate complète.
Mais surtout, je rencontre Julien, plongeur niveau 4 fraichement débarqué en NC, qui me propose une place pour un week-end dans le grand nord de la Grande terre le 11 novembre. A la fin des 3 jours, la suite de l’étape Nouvelle-Calédo prend forme. Seule déconvenue, l’annulation du week-end de prospection Cagou vient mettre un bémol au tout.
Deux jours à tuer
Pris au dépourvu par l’annulation du weekend Cagou, je fais l’erreur de rester à Nouméa. Je passe deux jours à enchainer des musées et chercher un embarquement pour la Nouvelle-Zélande, mais à part 3 allemands qui notent mon numéro, rien de bien concluant…
Mais le dimanche, je m’arrache enfin de l’auberge pour ne pas y revenir du séjour, je me remets en mouvement. J’en ai pour 3 heures dans ce bus complet. Il y a uniquement des Kanaks et moi, le petit zoreille qui voyage tout seul. Je me concentre sur le paysage avec un podcast de France Inter pour oublier le film d’action merdique qui passe à fond sa version franco-québécoise piratée, vers La Foa, les randos et les obs pour les 4 jours à venir.
Rando, ornitho, Cagou
La Foa. Changement d’ambiance avec Nouméa. On est loin des métros, loin de l’ambiance tendue et peu accueillante de la ville, le bourg est très tranquille en ce milieu d’aprem quand Jorn me récupère à l’arrêt.
Jorn est un chercheur qui travaille, entre autres, sur le Cagou dans le Parc des Grandes Fougères. Ma présence ici est pour l’accompagner lors d’une soirée radio-track qu’il réalise chaque semaine et en profiter aussi pour faire quelques randos dans les environs. Chez lui, c’est l’accueil en or. Sa compagne Christiane est une crème, très bavarde et toujours souriante, on parle de mon voyage, ce que j’ai déjà vu, mes petites galères, mes découvertes alors que je déballe mes affaires.
Je commence la découverte du coin avec le plateau de Dogny, 16km, 1500m de dénivelé, une grosse journée. La montée est d’autant plus rude avec le climat tropical qui me fait suer comme jamais, mais la vue au sommet et les forêts traversées en valent la peine.
Côté ornitho, je commence à me faire l’oreille et enchaine les obs, plus encore que depuis mon arrivée. Avec un dénivelé pareil, la diversité des milieux traversés est dingue. Entre les pâtures du début de rando, les forêts de la montée et du plateau entre sous-bois teinté de restes de plantations de café et forêt naturelle dense et les landes du plateau (habitat typique de la Fauvette calédonienne) la diversité d’oiseaux est à la hauteur.
Depuis les plus communs (Méliphage à oreillons gris, Oiseau moine, Zoostérops à dos gris) présents sur l’ensemble de la rando aux plus rares (Ptilope vlouvlou) ou cantonnés à un milieu (Fauvette dans les landes du plateau), j’en suis à 20 espèces dans la journée, sur les 89 nicheuses terrestres de NC.
Une expérimentation de la solidarité Kanak
A la redescente, je me débrouille pour rentrer à la Foa (15 km) par mes propres moyens et en fait de moyens, il n’y en a qu’un : faire du pouce. Il ne faut pas longtemps pour être pris, la première voiture qui me croise fait demi-tour et son chauffeur me récupère, sans problème. Ici le pouce c’est normal, tout le monde se connait dans le coin, tout le monde peut rendre service, il n’y pas de question à se poser, on voit quelqu’un qui rame près de la route et qui a besoin d’avancer un peu, si on peut le faire, on le fait, pas de problème. Et comme bien sûr, je ne sais plus retrouver le chemin pour rentrer et que ça ne répond pas au téléphone, mon collègue va pratiquement retourner le village pour retrouver la maison à partir de mes maigres indications. Me voilà donc chez sa sœur à la Foa, à boire un coup en essayant de retrouver le chemin ou quelqu’un qui connait Jorn et Christiane, chez les Kanaks, rendre service, c’est pas quelque chose qu’on fait à moitié.
Mais comme ça répond finalement au téléphone, je finis finalement par réussir à rentrer. Et comme si la journée n’avait pas été suffisamment au top, Christiane nous a concocté un repas 3 étoiles : Igname, riz et Poulet à la coco, un festin, j’en reprends 3 fois tellement c’est bon et après les 16 km de rando. Après toutes ces obs, ces kilomètres, ces paysages, ces milieux et ces rencontres, cette journée m’aura regonflé à bloc, dans tous les sens du terme.
Cagou : check !
Le terrain continue avec une soirée radio-track avec Jorn. Le principe est simple : depuis plusieurs années, dans le Parc des Grandes Fougères, plusieurs familles de Cagou ont été équipées d’émetteurs radio. Grâce à une antenne qui capte ces émetteurs, les déplacements des oiseaux et l’occupation du terrain de chaque famille sont étudiés par recensement hebdomadaire de leur position.
Ce soir deux familles sont ciblées mais j’aurais peut être du dire à Jorn que j’ai tendance à porter la poisse, et sur la dizaine d’oiseaux ciblés, on n’en répertorie que 4. Pas de bol pour moi, l’antenne se fait un peu vieille et le câble est dénudé d’un côté, ce qui fait qu’on tourne un peu en rond… Mais j’ai quand même pu observer le Cagou en milieu naturel.
Pour compléter cette soirée de prospection, je retourne le lendemain au Parc des Grandes Fougères, mais de jour. Pendant que Jorn place des pièges pour suivre la présence des rats, je fais mon tout avec pour objectif de trouver deux espèces : l’Echenilleur de montagne et la Perruche de la chaine. Pour le premier c’est raté, la bestiole n’est pas facile à trouver, mais pour ce qui est de la Perruche, je parviens (difficilement, vert sur vert…) à observer deux individus pendant 10 min. En plus de tout ça, les Cagous sont aussi bien présents et pas très farouches si l’on en juge les deux oiseaux que je croise au milieu d’un chemin et de la distance à laquelle je peux les photographier.
Mais les 4 jours de terrain passent vite et la suite approche rapidement. La suite c’est de rejoindre l’auberge de Poé, où je dois retrouver Julien et une bande d’aventuriers pour un weekend dans le Grand Nord.
Le voyage vers Poé est exactement le même qu’entre Nouméa en La Foa, sauf que pas de bus entre Bourail et Poé, place au pouce ! Le bus me droppe à l’embranchement avec la route de Poé, il reste 15km, deux voiture dont un caldoche moitié (amér)indien/moitié néerlandais (qui me sauve d’un poireautage qui s’annonçait lon m’amènent jusqu’à l’auberge, différente de celle de Nouméa, ambiance tranquille, 100 m de la plage, mais pas de bol, cette dernière est fermée pour cause de gros requin, je passerai la soirée entre skype et whatsapp, avant le départ pour le nord.