Ça repart, toujours au nord

Après presque une semaine dans la capitale bolivienne, il est temps de reprendre la route et de lâcher un peu la ville et le bruit, depuis Uyuni, je ne fais que ça et une semaine sans mettre les yeux dans les jumelles ou triturer les boutons du D7100, c’est pas tolérable.

La prochaine étape doit permettre de reprendre l’ornitho et de viser quelques espèces plus ou moins rares : le Lac Titicaca. Le plus haut lac du monde est à cheval sur la frontière boliviano/péruvienne mais j’ai choisi de ne profiter que du côté péruvien pour deux raisons.
D’abord parce que c’est le plus intéressant pour les oiseaux. La zone humide qui entoure les iles Uros est classée RAMSAR, du nom de la ville iranienne et de la convention du même nom qui liste les zones humides les plus spectaculaires du monde. Entre autres limicoles, canards et hérons, on y trouve le rarissime Grèbe microptère, une spécialité endémique du Lac Titicaca.
Mais la deuxième raison, c’est le timing. Depuis mon départ de la France, le temps dont je dispose semble illimité. Le retour est une date incertaine et lointaine et ce temps, je le dépense sans compter. Mais depuis que le 777 d’Air New Zealand a atterrit à Buenos Aires le 27 janvier, cette perception est légèrement différente. Le retour n’est plus flou, mais se précise comme une deadline pour rendre un rapport. De ce côté-ci du nouvel an, chaque bus me rapproche de l’Europe et si je profite toujours du chemin, l’arrivée commence à être visible au loin. En ajoutant dans l’équation le mois de volontariat prévu en Equateur, la durée de chaque escale est plus soupesée, avancer c’est choisir et c’est de plus en plus vrai.

Au départ de La Paz, c’est un festin de kilomètres qui m’attend : un bus jusqu’à Copa Cabana et un autre jusqu’à Puno avec la frontière au milieu.
On est un peu à l’étroit dans le premier, mais j’améliore mon espagnol avec mon voisin chilien qui veut améliorer son anglais, de plus le paysage qui se verdit et au fur et à mesure qu’on approche du lac, les zones humides apparaissent, ça vaut bien le coup d’avoir le cul un peu serré
En arrivant au bord du lac, il y a un bac à passer : tout le monde descend, les passagers et le bus traversant séparément, et quand on voir la barcasse sur laquelle le bus de 50 places fait la traversée, on préfère effectivement passer à côté.

barquasse titicaca

Changement de véhicule à Copa Cabana et vu l’ambiance bien touristique du bourg, je suis plutôt content de poursuivre la route. Le passage de la frontière commence ici avec la classique carte d’entrée à remplir avant de grimper dans le bus. Une demi-heure plus tard, tout le monde descend pour le trio tampon A/bureau de change/tampon B qui commence. Une fois de plus je m’en sors bien côté change avec moins de 5% de pertes par rapport au taux officiel.

De l’autre côté de la frontière, le paysage change un peu. Alors que la Bolivie était plus dans le relief et les baies, le côté péruvien est plus plat et du coup le bus roule au milieu des prairies humides voire inondables. Du point de vue ornithologique tout ça est de plus en plus intéressant avec des ardéidés, limicoles et anatidés qui apparaissent un peu partout, frustration derrière la fenêtre du bus.

Titicaca - frontière Pérou

A Puno, c’est parti pour le rituel habituel à l‘arrivée dans une nouvelle ville, à savoir supporter les assauts des chauffeurs de taxi qui associent le gringo qui porte un gros sac avec les soles. Il faut négocier un prix et embarquer le gros sac suscité dans le coffre. A l’hôtel, je rencontre justement un français qui me met au parfum sur la question : 10 soles : c’est l’arnaque, pour être plus prêt de la réalité locale, il faut négocier autour de 5 soles (en fonction de la taille de la ville bien sûr).

Premier contact inca

Au programme du lendemain, le site archéologique de Sillustani, réputé pour abriter quelques espèces de milieux ouverts ces hauts plateau andins.

J’ai choisi l’option « collectivo », c’est-à-dire un taxi/mini-bus qui ne part que rempli comme un camion à bestiaux. L’avantage c’est que ça coute 10 fois moins qu’un taxi mais il faut savoir jongler avec les correspondances et faire preuve de patience quand les passagers manquent. Et justement, si à Puno j’en attrape un dans la minute, c’est plus compliqué à la bifurcation vers Sillustani. Il y a bien des chauffeurs qui attendent mais pas de passagers. Après 20 min d’attende, fini de prendre racine, mon collectivo me propose de passer en mode taxi, soit 15 soles au lieu de 3, 13 après négociation.

J’ai eu du nez de choisir Sillustani. A 20 visiteurs sur la journée, un cadre qui en jette et pas mal d’espèces, je savoure le calme et le paysage. Il y a pas mal de passereaux, dont le Bruant chingolo, qui ressemble un peu à notre Bruant fou, mais moins timide, beaucoup moins. Le retour est effectué au pas de course, plus de passagers dans ce sens, et je suis à Puno en 40 minutes pour la pizza de la victoire le soir.

Sillustani-paysage

Sillustani-chingolo

Uros ou le tourisme culturel poussé un peu loin

L’attraction majeure de Puno, ce sont les Iles Uros, iles flottantes tirant leur nom du peuple qui les occupait à l’origine pour fuir les Incas, depuis le 13° jusqu’à moitié du 20° où ils se sont éteint, laissant la place aux Aymaras. Le site est connu pour être très touristique et c’est moins pour les iles flottantes que pour l’énorme zone humide où elles sont situées qui j’y vais. Au petit matin manque de bol, il se met à pleuvoir un bon petit crachin breton par intermittences mais même pas peur, le temps de prendre le billet en repoussant les rabatteurs et d’attendre le remplissage du bateau et on trace.

Uros-port Puno

Le temps du trajet, la pluie se calme et c’est l’occasion de mitrailler. Les oiseaux d’eau sont encore plus faciles à trouver qu’un politique au salon de l’agriculture. Les Erismatures rousses, Canards à queue pointue, Sarcelles de la Puna et tachetée et autres Phalaropes de Wilson sont aussi abondants que des perdrix à la veille de l’ouverture de la chasse. Quand le bateau s’engouffre dans la roselière géante, ce sont les Grèbes de Rolland sont omniprésents, agrémentés de quelques passereaux (encore non identifiés à ce jour).

Uros-ZH aller

Uros-Grèbe rolland

Uros-PNI

Uros-ZH aller2

En revanche un fois sur les Iles Uros, il devient plus dur de faire des obs. En fait la visite des iles est séparée en deux : 1.On montre aux touristes bien groupés en rond comment vivent les habitants en mode « safari culturel » sur une ile de 500m² et 2.Ces même touristes sont conviés à monter sur un bateau en roseaux (moyennant 10 soles de plus) pour rejoindre une seconde ile boutique/restaurant. Avec un couple d’espagnols, je fais le choix de ne pas prendre le bateau à touristes pour rester sur le nôtre tout en tenant de faire des obs depuis l’ile en tournant comme un lion en cage alors même que la super rareté du coin est visible aux jumelles entre 2 maisons. A 100m de là un couple de Grèbes microptères tourne tranquillement en bordure de roselière, mais il pleut, il fait gris et pas moyen de bouger de cette micro-ile, je pleure et les photos ne sont vraiment pas top…

Uros-microptère

Au bout de 20 minutes, notre bateau « en dur » rejoint le reste du groupe sur cette seconde ile, aussi petite que la première et c’est parti pour encore 40 minutes à errer, puisque je ne veux acheter, ni souvenir, ni nourriture au tarif touriste. Au moins, il fait soleil et il y a un mirador qui permet de constater l’étendue de la zone humide (et de la frustration) qui nous entoure…

Uros-iles 2

Le retour vers Puno arrive enfin et je peux sortir de ma frustration après cette expérience touristique un peu dérangeante qui me laisse sur ma faim.

Le lendemain, je m’enfonce un peu plus dans le pays, moyennant 7h de bus, mais vers une destination que j’attends depuis un moment : Cusco !

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *