Back on tracks, pour 1 mois ½…
En quittant le Jardin de los Suenos, je retrouve une sensation laissée de côté en mettant un réveil tous les matins. Alors que le bus file vers Quito via un changement à l’arrache en bord de route à Latacunga, le mode keepmoving tourne à plein régime alors que le paysage défile sous mes yeux.
Je suis de nouveau en mouvement, ce mouvement qui est tout ce qui me fait vibrer depuis 9 mois maintenant. Ce mois de volontariat, bien qu’enrichissant d’enseignements, d’observations naturalistes et de progrès en espagnol aura été statique et s’il est une découverte, je ne m’y considérais moins en voyage que dans un bus qui file à pied du Cotopaxi.
Si loin d’Orly et de ma zone de confort française, la routine est inversée : celle-ci c’est trouver à manger pour pas cher, jongler avec des bus, rêver en contemplant le paysage qui se déroule et déambuler dans une ville inconnue avec trois sous en poche c’est voir, entendre, sentir des choses nouvelles à quaque minute, c’est ne pas connaitre le jour de la semaine ou du mois. Ce quotidien m’a manqué et je reprends la route avec une énergie nouvelle.
Quito en coup de vent
La capitale équatorienne est étendue sur des dizaines de kilomètres sur un axe nord-sud, calée au milieu d’une vallée. Malgré les transports publics modernes, il faut 1h de trajet avant que je pose mes sacs à la Posada Colonial avec un bonheur immense. L’endroit est confortable, idéalement placé dans la vieille ville, les proprios adorables mais surtout, SURTOUT, un douche chaude, voire brulante, un plaisir oublié depuis des semaines et qui me détend comme jamais depuis Cuenca.
On est milieu d’aprèm et clairement, je n’ai qu’une seule envie, c’est de ne rien faire. Je me pose sur le rooftop avec le WIFI qui fuse, une bière et un paquet de chips pour osciller entre mes photos, une revue de presse et film.
Le lendemain, je me motive pour aller à la Mitad del Mundo où passe la ligne d’Equateur, latitude 0°0’0’’, finit d’avoir la tête en bas, la remontée de l’hémisphère nord commence ici et c’est l’occasion pour Mimi de faire une sortie. Le trajet pour y accéder est malgré tout une épreuve moyennant 3 bus différents et des plusieurs indication contraires mais c’est le jeu.
Le soir je repousse mon départ d’encore un jour, une journée à explorer la ville sans but avant de filer vers la Colombie où m’attend mon vol. Il y a 1300 km entre les deux capitales et c’est un nouveau marathon qui s’annonce.
Deux capitales, une frontière, 29h
Réveil à 5h du matin, ce sont deux longues journées qui s’annoncent. Après une heure pour rallier le terminal Carcelén plus 30 min de rab grâce à des indications contraires et correspondances surprise, la bonne étoile reprend du service et décide que 1. Le prochain bus pour Tulcan part 20 s après que j’aie pris place à l’intérieur et 2. Changement surprise de bus à l’arrache à Otavalo, 2° bus où je rencontre Marijke, voyageuse belge qui va aussi directement à Bogota.
Mais il faut déjà passer la frontière, et la sortie du pays est plus longue que l’entrée. D’abord, c’est le principal point de passage entre ces deux pays, donc il y a du monde. Ensuite, il faut laisser les sacs à l’entrée du bureau des services d’immigration, chose assez peu rassurante pour faire la queue pendant 45 min à l’intérieur, d’où l’avantage d’avoir un compagnon de voyage, qui lui-même rencontre un collègue vers la fin de la queue.
Ce coup-ci, le côté « passeport français passe-partout » en prend un (petit) coup puisqu’on me demande 3 photocopies de la première page et du tampon d’entrée et revenir au guichet, une première… 6 photocopies et 0,60$ plus tard, j’ai mon tampon de sortie, prêt à passer le pont, de l’autre côté, la Colombie.
A Ipiales, il reste encore 80% du chemin vers Bogota et grâce à une négociation bien menée de Marijke, on gagne 50 000 pesos (15€) avec un tarif couple (350 000 pesos) par rapport à des billets solo. Un petit déj local, des courses et 2h30 après, le bus se met en mouvement : 20h jusqu’à Bogota, ce qui laisse le temps à Marijke de me faire regretter d’avoir zappé les Galápagos, elle qui sort de 3 mois de volontariat là-bas.
Ce dernier bus de nuit n’aura hélas pas été le plus confortable en pensant aux full-cama de Cruz del Sur au Pérou. Mais le paysage de montagne verdoyante qui m’accompagne depuis le nord du Pérou continue et j’aimerai bien m’arrêter plus longtemps dans ce pays en imaginant la diversité d’amphibiens, de reptiles et d’oiseaux qui doit regorger dans ces vallées qui n’ont rien à envier aux Gorges du Tarn.
Mais Bogota s’approche lentement et avec elle la ligne d’arrivée de ma remontée de l’Amérique du sud : 9 344 km pour 149h d’après Google map et sans le Sud-Lipez. Je retrouve avec Bogota l’impression d’étalement urbain démesuré ressenti au départ de Buenos Aires il y a 3 petits mois. Après des heures de musique et de paysages d’Altiplano bolivien, de désert et de selva péruviens et de sierra et plantations de bananiers équatoriennes, la boucle est bouclée.
Attente pluvieuse à Bogota
Je laisse Marijke après une dernière négociation de taxi pour m’écrouler à l’hostal Destino Nomada. L’attente est maussade et la pluie quasi-continue n’incite pas à visiter la ville. Je tue surtout le temps en triant la montagne de photos que j’ai prise en Equateur et à défaut de cocaïne, je me contente de taper des lignes de texte. Je rencontre quand même d’autres voyageurs et je mesure les (quelques) progrès réalisés en espagnol ces derniers temps en discutant avec une péruvienne.
Et enfin, le 10 mai au petit matin, un taxi me récupère à 5h à la porte de l’hostal. Je retrouve avec plaisir les procédures et l’ambiance d’un aéroport (et le duty-free, plein de rhum pour une fois). Heureux avec mon hublot, je ne lâche pas des yeux le paysage du vol. La Colombie et l’Amérique du sud défilent une dernière fois pour ensuite laisser la place au Pacifique puis enfin le Costa-Rica.