Christchurch entre deux road trips
Après deux petits jours à Christchurch et un nouvel an pizza/Kraken, les parents débarquent après leurs 36 h de vol (eux qui n’avaient pas pris l’avion depuis 30 ans). Première galère, c’est les valises en moins, elles sont restées à Dubaï. La récupération du van se fait sans encombre et le temps de leur faire découvrir le PackNSave, c’est la première nuit au camping et l’adaptation à 3 dans le van.
Le lendemain, on débarque en famille au comptoir Emirates pour récupérer les bagages. L’heure de la fermeture est proche et la préposée tente de nous faire revenir le lendemain. Mais elle comprend vite qu’elle a affaire à une bande de français rompus à la guérilla administrative et qu’elle ne s’en sortira pas si facilement, tant pis pour la fermeture à l’heure. Trois coups de fils plus tard, elle nous annonce qu’ils sont dans le coin, mais qu’il faudra attendre une vingtaine de minutes avant que quelqu’un nous les amène. Après le délai promis, on récupère les valises, et notamment le fromage et le foie gras qui étaient dedans, ce dernier sera consommé directement accompagné d’un petit blanc bien Kiwi, en mode repas de noël en famille, avec 10 jours de retard.
Plein la vue dans l’Ile Sud
On part enfin, on trace la route. Première étape : les Lacs Tekapo et Pukaki. La conduite à gauche que l’on peut appréhender se révèle assez facile en fait. La tentation de se placer à droite est un peu présente au moment de tourner aux intersections mais s’estompe rapidement, en 2 jours le pli est pris.
Ces lacs sont impressionnants, ce qu’il y a de plus ahurissant depuis mon arrivée dans le pays. L’eau est bleue, pure, fluo et presque surnaturelle, et avec les Alpes kiwis qui se dressent en arrière-plan, majestueuses et hautes, très hautes autour du Mt-Cook à 3 724m. Autour des lacs, le paysage est ouvert sur des kilomètres, pas un arbre, rien que de de la prairie entre nous et les montagnes. J’ai beau savoir que tout ceci découle d’un défrichement intensif et n’est pas des plus naturels, ça en jette.
Pour ce qui est du côté naturel, je suis gâté avec l’Echasse noire, qui est à ce jour l’espèce la plus rare que j’ai pu observer (CR sur la liste rouge UICN). La première nuit est fraiche, on tombe en dessous de 5°, un baptême du froid pour les parents.
Les jours suivants, on continue de bouffer du kilomètre avec en deuxième étape les Catlins. Sur place les paysages continuent d’en mettre plein la vue et alterne falaises à pic et larges plages sableuses. Et avec de la forêt native dense en arrière-plan, le coin est magique. Côté climat en revanche, c’est moins sympa. Bah oui, on est dans les 40° rugissants, soit une météo des mers du sud, ce qui veut dire vent continu et fort plus pluie très fréquente (à défaut d’être violente). On se sent tout de suite plus proche des marins du Vendée Globe qui passent à quelques centaines de kilomètre plus au sud, tous seuls sur leurs bateaux pas bien grands au milieu de cette immensité qu’on appelle le Pacifique.
L’étape suivante c’est Milford Sound, plus touristique mais climatiquement similaire. Alors que le site de camping du DOC nous offre une ambiance magique avec une lumière rasante sur les montagnes des Fjordland qui nous entourent, l’atmosphère du lendemain est à mille lieues de là. Milford Sound, c’est un Fjord, du coup c’est connecté avec la mer, la Mer de Tasman en l’occurrence. Mais niveau latitude, on a pas changé grand-chose par rapport aux Catlins, ce qui fait qu’au lieu d’admirer des montagnes qui se jettent à la verticale dans la mer, on ne fait que les deviner, au mieux les entrapercevoir, entre frustration et admiration (tout de même).
Mais Milford est au bout de la route, donc on doit revenir sur nos pas pour poursuivre le trip. Le temps d’un burger à Te Anau et on repart vers Wanak en longeant le lac de Queenstown et moyennant un joli raccourci-qui-rallonge à 30 à l’heure dans une route à lacets, plus courte sur la carte mais valant le coup d’œil malgré tout.
Après Wanaka, on aborde un beau morceau, la côte ouest. Dans le genre reculé et sauvage, le coin de se pose là. Ça commence à Haast Pass et sa route qui monte et qui descend sur des dizaines de kilomètre sans passer devant la moindre trace de civilisation, au beau milieu d’une forêt dense, bordélique, très ferny, naturelle et sauvage quoi, c’est pas pour rien que c’est un des rares secteurs de l’Ile sud où niche le Kiwi.
Après avoir rejoint la côte, c’est la région des glaciers qui commence. On tente rapidement d’aller jeter un œil au Fox Glacier, mais la pluie qui nous martèle à mi-chemin et la vue pas top sur celui-ci rendent l’expérience un peu foireuse. Franz Josef était plus beau et moins fondu, mais à qui la faute ? On reprend la route sous la pluie battante qui ne nous lâchera qu’à 5km de notre but, Hokitika, un timing à pisser de rire.
Last but not least, la portion au nord de Hokitika est la plus impressionnante de la côte ouest. Ici les montagnes se jettent directement dans la mer. La principale difficulté de la conduite ici est de se poser la question « je m’arrête ? Je m’arrête pas ? » tous les 5 km tellement les points de vues impressionnants sont fréquents, et bien sûr c’est quand on s’arrête pas que le point de vue est le plus impressionnant, fucking Murphy…
Par contre, côté orniho, rien de bien nouveau depuis un moment, on trace la route, ce qui fait qu’après avoir roulé une bonne partie de la journée, la soirée donne plus envie de se poser que de partir en expédition.
Pour boucler l’ile nord, on termine à Picton, d’où le ferry part pour Wellington dans 2 jours. On a une journée de repos. Comme c’est le coin des vignes, on part faire une cave où bosse un pote de pote. Sur place, on se rend compte qu’on a tapé dans le haut de gamme, en fait le plus haut de gamme du pays quoi, autant dire que le père tranche un peu avec ses crocs au pieds…On prend quand même le temps de tester 4 blancs et 4 rouges et effectivement c’est du haut de gamme, même moi qui n’y connait RIEN en vin, je m’en rends compte, c’est dire.
Le lendemain, réveil à 6h, soit 7h le temps que je me sorte du lit. Mais on pas le temps de trainer plus, on a un ferry à attraper. Après un peu d’attente et quelques manœuvres sur le bateau, c’est parti, 3h de traversée vers Wellington et l’Ile Nord, près de 2 mois après avoir quitté Auckland.
Une ile nord assez fumeuse
Arrivés à Wellington, on se pose l’aprem, le temps de se rendre compte qu’effectivement la capitale du pays est toute petite en passant du centre-ville dense à un secteur résidentiel en moins de 15 min. En revanche, il y a du relief, le centre est plat mais le reste est des plus vallonné, on dirait Tulle, la mer et les ambassades en moins…
Côté camping, on trouve notre bonheur de l’autre côté de la baie, tout près de l’embarcadère pour la mission reptile du lendemain à Somes Island.
Somes Island, c’est le repère du Sphénodon, ou Tuatara de son petit nom Maori. La bestiole est unique au monde, pas un serpent, pas un lézard et encore moins crocodile ou Tortue, il est totalement à part. En NZ, il n’est présent que sur quelques îles dans le détroit de Cook et Somes Island est l’une des rares accessibles au public. Mais maque de bol, j’ai beau chercher pas de Tuatara à l’horizon, pas mal de Scinques mais c’est tout, zéro Tuatara et zéro Gecko également.
On quitte finalement Wellington pour tracer vers le nord. On a 5 jours avant de rendre le van à Auckland, chaque étape doit nous en rapprocher. La première c’est le Tongariro National Park, où l’on arrive au coucher du soleil au pied du volcan Ruhaperu pour l’une des meilleures randos du pays.
Cette rando à la journée est un gros morceau : 19,4 km, 800m de dénivelé positif, 1000m de négatif. Après un départ tardif et un plantage de parking, les parent me droppent à 11h, avec le soleil qui chauffe déjà pas mal. Le démarrage se fait à l’aise, c’est tout plat mais on grimpe rapidement à l’approche du Mt Ngauruhoe/Montagne du Destin (vous savez ? le volcan qui pète à la fin du Seigneur des Anneaux #spoilers) et de ses 2287m qui se dresse devant, et là on se sent pas grand.
La suite c’est essentiellement lutter contre le vent qui souffle en continu et parfois ne rafales plus fortes, épuisant à la longue. Mais côté paysages c’est plus qu’un gavage. Moi qui croyais avoir déjà vu un paquet de points de vues impressionnants dans ce pays, j’en reprends une couche, une qui se décrit pas avec des mots.
Comme c’est un peu la rando à la journée la plus populaire du pays, il y a foule sur le sentier, et spécialement autour des Lacs d’Émeraude et leur douce odeur de soufre, témoin d’une activité volcanique jamais bien loin.
La descente s’amorce tranquillement au début mais il y a 1000m de dénivelé à dévaler, et même avec un minimum d’entrainement, ça tire sur les pieds à la fin. Je finis par arriver au parking avec les parents qui m’attendent, le temps de libérer mes panards des chaussures de randos et on file vers Taupo pour l’escale du jour.
Auckland approche mais avant ça, on s’arrête à un immanquable de l’ile Nord, Rotorua et ses sources d’eau chaude. Première surprise, le coin a beau être ultra-touristique, après 17h, la ville est morte, commerces et restos fermés, presque pas une âme qui vive, on croiserait plus de monde dans les rues de Guéret un dimanche matin. En revanche l’attraction principale du coin, Wai-o-tapu,, est plus fréquentée. Mais malgré la foule, l’activité géothermique et les couleurs qu’elle entraine est effectivement impressionnante, avec une mention particulière pour le seul truc gratuit, le bassin des boues chaudes avec les bulles qui éclatent en continu.
Ce petit bassin qui ne paye pas de mine aura été en fait la preuve la plus forte de l’activité volcanique du coin, peut-être à cause de la consistante de la boue qui ferai presque penser à de la lave.
Pour finir, le dernier arrêt avant Auckland est Coromandel. L’objectif du coin c’est de tester hot water beach où, parait-il, on peut se faire son bain d’eau chaude perso en creusant un trou dans le sable de la plage à un horaire et un lieu précis. Mais vu le monde qui est déjà présent et l’absence de pelle dans nos mains, pas évident d’y arriver et à part une eau vaguement tiédasse, l’expérience n’est pas très concluante.
Le lendemain, dernier trajet, on prend notre temps, on a de l’avance. Le temps de se retrouver dans le labyrinthe où est situé le loueur et nous voilà piétons, avec nos sacs/valises. Une heure plus tard je retrouve le centre d’Auckland et on lâche les affaires pour partir en quête d’une pizza, pas moyen de faire la cuisine à 48h du vol des parents.
Ce dernier jour à Auckland se découpe entre visite du musée, errance autour du port et bouclage des bagages mais surtout un festin royal le soir : foie gras en entrée et burger en plat principal, mon rêve…Le 23 janvier, les parents redécollent pour la France : 36h de voyage les attendent, de quoi remplir leur quota d’heures de vol pour les 30 prochaines années.
Fin du 2°acte, début du 3°…
De mon côté, il ne me reste que 5 jours avant d’embarquer pour Buenos Aires, 5 jours peu productifs en visites mais plus en rencontres et en travail sur le site. Ce n’est pas encore ça mais on est presque à jour. Ces deux mois en Nouvelle-Zélande auront été le clou de de voyage. J’aurai profité de ce pays (presque) à fond, il reste bien quelques petites bêtes à voir pour la prochaine fois, mais je suis content de mon séjour. C’est presque avec une appréhension que je quitte finalement la Haka Lodge Backpackers d’Auckland pour me rendre à l’aéroport. A partir de maintenant je me rapproche de la France, mais le dernier morceau est de taille, l’Amérique du sud est devant moi et mon espagnol balbutiant, ça va faire bizarre. Quoi qu’il en soit, pas le choix, après une après-midi à tuer le temps à l’aéroport, j’embarque pour 12h de vol au-dessus du Pacifique et vers Buenos Aires, ne sachant pas trop où je mets les pieds.