La BoM, comme à la maison

A l’arrivée à Cusco, avec 7h de bus dans les pattes, le harcèlement des taxis à la sortie reprend avec une intensité supérieure à celle de Puno dans cette ville très touristique. De 10 soles non négociables à la sortie du terminal de bus, on descend jusqu’à 7 soles au fur et à mesure qu’on s’en éloigne.

A l’hostal La BoM, je comprends tout de suite que je vais bien m’y sentir. L’ambiance, la déco, la petite cour intérieure, le faible nombre de personnes, tout ici fait qu’on se sent comme à la maison, au calme, tranquille. Je fais aussi rapidement beaucoup de rencontres puisque 80% des voyageurs présents sont français et justement je me retrouve à boire un verre avec un petit groupe, une soirée qui met bien à l’aise et permet de discuter avec d’autres voyageurs et me décoincer rapidement, principal souci à l’arrivée dans un nouveau lieu.

Un de raté, 4 de trouvés dans la Vallée Sacrée

Pas de le temps de trainer, dès le premier jour, c’est terrain. Ayant un tuyau à propos d’un nid de Condor dans la Callée Sacrée, je file vérifier ça. Désormais rompu au collectivo, c’est parti pour Lamay, village un peu à l’écart des principaux sites incas de la vallée, mais loin d’être décevant pour la naturaliste.

Pourtant les choses démarrent mal. Mon tuyau fait état d’un sentier à prendre au départ d’un hôtel, mais s’il y a bien un hôtel, point de sentier. Sans plan B, je tombe heureusement sur un péruvien qui passait par là en voiture et qui m’amène vers le départ d’un autre sentier, le seul du coin en fait, qui mène à un site archéologique surplombant la vallée, pas le choix on y va, mais de Condor, pas l’ombre.

Si il y a zéro Condor, le reste de l’avifaune n’est pas en reste avec entre autres Tourterelles de Cécile, Colombe à ailes noires, Buse aguia mais surtout 4 espèces de Colibris (Colibri noble, Colibri géant, Colibri d’Anaïs, Porte-traîne Nouna), un bon rendement en une petite après-midi.

Colibris vallée sacrée-2 Colibris vallée sacrée Colibris vallée sacrée-4 Colibris vallée sacrée-3

En plus des obs, le panorama en jette également avec les centaines de mètres de dénivelé des pentes d’une part et d’autre part les vestiges des cultures en terrasses datant de l’empire Inca, dont la Vallée Sacrée était le grenier à maïs.

 

 

Mais vu l’heure, il faut pas non plus trainer pour être rentré avant la nuit, le temps de redescendre et d’attraper un collective dans la seconde, on rentre à Cusco.

Le soir, c’est la veille du départ pour un compatriote, on est donc 4 à se chercher un resto. Après un échec devant un japonais prometteur, mais fermé, et une fuite d’un péruvien pas top et trop cher, on finit par trouver une pizzeria au fond d’une cour intérieure, toute petite, toute mignonne et vraiment bonne, comme toutes les pizzas d’Amérique du sud jusqu’ici.

Découverte du carnaval péruvien avec pourrissage en règle des gringos

Deuxième jour à Cusco, il fait beau. Ça tombe bien, c’est le carnaval aujourd’hui. Mais pas de déguisements ou de char comme à Rio. Ici, la tradition c’est la bataille d’eau géante, et quand je dis géante, c’est GEANTE, genre à 3 000 personnes…

Cet après-midi, on est 6 courageux inconscients français à aller voir ce que ça donne et pourquoi pas se prêter au jeu.

Le principe est très simple, on peut acheter un bombe à mousse et/ou (plutôt « et ») un stock de bombes à eau avant de se jeter dans la masse. Côté stratégie, il y a plusieurs écoles, soit on attaque, soit on se défend. Autant le dire tout de suite, un groupe de gringos qui se hasarde à passer sur la plaza de Armas à ce moment-là a environ 134% de chances (à 10% près) de se prendre un jet de mousse de travers ou une bombe à eau dans le dos.

Il est donc décidé de se munir chacun d’une bombe de mousse et d’y aller franco. C’est parti pour la mêlée, les attaques en traitre (de préférence en visant la tête) étant les plus courantes. On ne compte pas le nombre de remplissages des oreilles de mousses tellement les assaillants sont nombreux et simultanés.

Les profils types sont très variés, ça va des tous petits gamins avec le canon à eau avec réserve sur le dos jusqu’à aux petites enflures d’ados qui te collent une grande claque dans le dos, bombe à eau en main, en passant par ces même groupes d’ados (100% masculins) qui pourchassent deux ou trois filles en courant.. Mais le pire du pire, le cœur de la baston est autour de la fontaine où les bombes à eau volent en continu et où un gringo ressortira en mode bonhomme de neige après une attaque de 20 ados survoltés en simultané.

Au bout d’un moment, on finit quand même par lâcher l’affaire, 2h de bataille d’eau ça fatigue. L’aprèm se termine dans la cour intérieure de l’auberge avec quelques bières à déguster au soleil. Le lendemain, on est 4 motivés pour aller randonner jusqu’à la montagne aux 7 couleurs, à 5000 m d’altitude…

Sorroche bis ? Ou pas !

Rebelote pour une ascension au petit matin ! Moi qui m’étais dit « plus jamais ça » au pied du Licancabur, je remets ça moins d’un mois plus tard, certes moins tôt (départ 4h) et moins haut (5000m) mais ça pique quand même un peu.

Départ en équipe de la BoM à 4h du matin. Je pleure un peu mais le petit déj crêpes/sucre et la customisation du sac par le staff de l’hostel donne un bon petit coup de boost. On démarre avec 3h de route vers le départ de la rando, avec récupération de la nuit sur les 2/3, ce qui est plutôt une bonne chose vu la conduite du chauffeur que l’on pourrait qualifier de « je-m’en-foutiste-limite-suicidaire ».

Le temps d’un petit déj fourni par l’agence (enrichi en ce qui nous concerne !), un petit briefing du guide et la rando commence. En fait de rando, le sentier tourne à l’autoroute boueuse où les touristes se suivent bien en ligne, pas vraiment la balade tranquille que l’on peut imaginer.

Ça monte, ça monte, toujours tranquillement mais la difficulté va crescendo et je redécouvre des sensations ressenties au Sud Lipez. Si je la finis pas à 4 pattes, la dernière montée se fait quand même un pas après l’autre jusqu’au col bondé de touristes et au point de vue 50m plus haut où je retrouve 2 de mes compatriotes.

Le point de vue c’est juste pour les warriors puisque 75% des gens capitulent au col. Le temps de reprendre notre souffle et on s’aperçoit qu’on est les premiers de notre groupe. Le temps que la moitié d’entre eux parvienne au sommet on a le temps de profiter de la vue et prendre un paquet de photos.

La redescente se passe mille fois mieux qu’en Bolivie, à fond même, où le serpentin boueux créé par le piétinement de milliers de touristes se transforme en jeu pour trouver les meilleurs passages sans se vautrer dans la boue. Le temps du retour se passe plutôt en mode serrage de fesse, la conduite du chauffeur ne s’étant pas adoucie pendant la journée, le tout pour une arrivée à 21h30, trop tard pour tester le resto raclette à 100m de l’hostel.

Repos à Cusco

Après cette journée de randonnée, c’est repos. Rien au programme, rien que du zonage, tri de photo… le programme habituel. D’autres français sont arrivés et je discute tranquillement avec eux. Le soir on teste enfin ce petit japonais et remontent alors des saveurs et des odeurs familières remontant à 4 mois. L’espace d’un instant le Japon me revient dans la bouche et je me rends compte à quel point ce pays m’a touché et me manque.

Le lendemain, j’avais prévu de filer vers Paracas de bonne heure, mais mes estimations étaient mauvaises, il faut faire la route de nuit. C’est donc le soir que je décolle enfin de Cusco, un peu à contrecœur, un peu blasé de laisser cette si belle auberge et les collègues de voyages, mais il faut avancer, et après avoir enfin testé la crêperie à l’étage (fermée jusque-là), je file vers le terminal de bus, vers la côte désertique et vers une altitude plus riche en oxygène, histoire de mesurer les effets de 3 semaine au-delà de 3000m.

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